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C'est à en perdre la tête

Cette histoire de masques, c’est une histoire de fou, c’est à en perdre la tête.

 

Dès le 15 mars, des milliers de couturières et costumières se sont précipitées pour fabriquer des masques pour les soignants afin de pallier le manquement du gouvernement. Pendant parfois plus de 10 h par jour, certaines ont fabriqué des 100 aines de masques. J’ai moi-même participé à cet élan de solidarité.

 

Puis peu à peu la demande est venue de certaines collectivités, d’entreprises…. Là encore certaines ont fait le choix de continuer à confectionner des masques gratuitement au risque d’arriver à l’épuisement. Mais voilà d’autres ont décidé de dire stop. On ne peut pas continuer à bosser gratuitement.

 

Ce n’est pas aux couturières de pallier aux lacunes. Elles ne demandent pas à ce que les gens payent les masques, elles demandent que le gouvernement et autres grandes entreprises payent le travail qu’elles fournissent. Et c’est tout à fait normal à mon sens. Elles ont commencé à se faire traiter de tous les noms d’oiseaux. Mais peu importe. Elles ont décidé de vendre leur confection. Et là c’est le drame.

 

Puis on décide de vendre des masques en pharmacie et en presse. Mais attention ils doivent être homologués, pour pouvoir être vendu. Donc lorsqu’il fallait fournir des milliers de masques aux hôpitaux et aux différents soignants, tout le monde s’en battait l’aile, de savoir s’ils étaient homologués. Mais là maintenant si ton produit n’est pas homologué, tu peux te brosser. Certaines ont proposé donc un produit pour homologation et attendent encore la réponse.

 

Cette affaire d’homologation, c’est un truc de dingue. Tous les jours, ça change.

 

Tu peux faire tes masques avec du tissu qui est déjà homologué mais encore faut-il trouver ce tissu. Tu peux aussi faire homologuer ton produit, mais il faudra attendre un délai de deux mois, cela à un coup et je comprends que certaines indépendantes, n’aient pas les moyens d’engager cet argent.

 

Puis on parle aussi de norme AFNOR, mais c’est quoi la norme ?

 

C’est le pliage ? c’est le tissu ? c’est l’élastique ? En fait, ce modèle AFNOR c’est exactement ce que confectionnent les couturières depuis le début, il me semble, non ? Mais attention, il ne faut pas vendre de masques AFNOR. Tu peux juste les fabriquer et les donner.

 

Alors le pompon c’est la vente dans la grande distribution. !!!! Mais je ne vais pas m’attarder là-dessus, on a assez d’articles dans la presse.

 

Il faut savoir que certains masques qui sont vendus sous « homologation » par des entreprises, ou pharmacies, ou presse, sont souvent cousus par des couturières qui perçoivent une misère ou même qui font partie de ces bénévoles. Oui, oui ! Alors, elles font ça pour la bonne cause, et eux ils les vendent. Il va où, ce fric ?

 

L’autre jour une entreprise qui avait reçu une très grosse commande de masque, m’a contactée pour me proposer du boulot.

 

Génial me diras-tu ?

 

Oui génial, sauf que voilà 300 masques à la semaine ce n’est quand même pas rien, même si le tissu est déjà coupé. Mais le plus marrant c’est qu’on me proposait 0.70 € brut par masque, c'est-à-dire 0.54 € et je ne compte pas l’électricité et l’amortissement de la machine. 162€ pour 300 masques/semaine. Sans compter que c’est à toi d’aller chercher les tissus et à toi de ramener les masques une fois terminé.

 

C’est à mourir de rire.

 

J’ai dit non, mon métier fait partie des métiers d’art, ce n’est pas un loisir. Je préfère encore aller me balader dans les bois.

 

Les gens te demandent si ton produit est homologué, mais en fait les gens mélangent tout. Masques professionnels, grand public, anti-postillon, chirurgical. Non il n’est pas homologué, bien que le coton 150gr m2 soit sur la liste des tissus homologués. Ce n’est pas un masque à usage professionnel. Je l’ai d’ailleurs dit dans mes post sur FB. Je l’avais d’ailleurs aussi précisé sur mon site. Tu trouves que mon produit est cher. Je reconnais que 5.50€ peut paraître cher, mais il était calculé au plus juste.

 

Avec toutes ces règles qu’on nous pond tous les jours, j’ai préféré suspendre la vente. Mais il faut savoir que tu peux vendre tes masques non homologués si toutes les parties sont conscientes que ton masque n’est pas homologué. D’où la nécessité de le préciser et de l’écrire. Nous vivons dans un pays où on a le droit de faire et donner des masques non homologués mais pas de les vendre.

 

Du coup tout le monde part du principe que s’ils ne sont pas homologués, ils ne sont pas fiables. Ce n’est pas vrai. Le masque en tissu reste une option contre la propagation d’un virus. Sinon cela voudrait dire que tous ces masques fabriqués bénévolement pour les soignants ne servent à rien. Alors pourquoi a-t-on laissé les couturières fournir des masques en coton aux soignants.

 

Voilà où nous en sommes aujourd’hui. On ne sait plus ce qu’on peut faire, ne pas faire, vendre, ne pas vendre, se laisser exploiter, engraisser les industriels, laisser mourir les artisans indépendants ?

 

C’est désolant !

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Commentaires: 1
  • #1

    Villetui (lundi, 04 mai 2020 10:30)

    Bref on nous prends pour des cons